Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a récemment dévoilé deux "lettres d’intention" concernant les programmes de mathématiques et de français pour les cycles 1 et 2. Cette initiative fait suite à une demande de révision complète des programmes formulée par Gabriel Attal, juste avant sa nomination en tant que Premier ministre.
Ces lettres d’intention portent essentiellement sur les programmes de mathématiques et de français pour la maternelle et le cycle 2.

Jean-Michel Blanquer et Stanislas Dehaene hantent encore le ministère

La lettre de Gabriel Attal reflète les recommandations du Conseil scientifique de l’éducation nationale, instauré par J-M. Blanquer (CSEN). Ces lettres d’intention du CSP dressent un tableau préoccupant de l’avenir de l’éducation.
Le risque est grand de voir dès la rentrée prochaine des programmes qui bouleverseront notre métier et instaurant un enseignement :
• très compartimenté,
• fortement contrôlé,
• et transformant les enseignants en de simples exécutants.

Travailler pour PISA plutôt que pour les élèves

La commande du ministre est limpide : améliorer les performances dans les évaluations PISA. Tout cela alors que les résultats de la France, s’ils leur chute est incontestable, sont relativement similaires aux pays européens comparables au nôtre. (je lis l’analyse complète du Café péda... Attention, ça dénote de celle de BFM et des Echos...)

Les futurs programmes et le socle commun se concentreront ainsi sur le français et les mathématiques, reléguant les autres domaines au second plan.
Plus précisément, en ce qui concerne le français, l’accent sera mis sur la lecture, reléguant en arrière-plan tout ce qui n’est pas évalué par PISA.

Un cadrage temporel qui révolutionne notre métier

Un aspect inquiétant concerne le découpage temporel strict imposé par les directives ministérielles et le CSP : les programmes seront désormais annuels ou intra-annuels, avec chaque trimestre formant une entité close, laissant penser que les acquisitions réalisées à un moment donné de l’année le seront de manière définitive.

Pour Sylvie Plane, Professeure émérite des Universités, ancienne vice-présidente de CSP, « il s’agit de programmer, contrôler, encadrer au plus serré, fixer des objectifs de performance, rentabiliser » l’activité des enseignants (cf Tribune du Café péda du 20 mars 2024).

Il n’y aura donc plus de prise en compte des différences de rythme d’apprentissage des élèves.
Pour Dominique Bucheton, Professeure honoraire à l’université de Montpellier, « l’élève comme personne n’existe plus. Il ne s’agit plus de s’intéresser à son développement réflexif, culturel, créatif, relationnel, psycho-socio-langagier, affectif. Il est la somme des « compétences » évaluées, réduit à ses réussites ou échecs. » (cf Tribune du Café péda du 18 mars 2024).

En l’état actuel des informations diffusée, le CSP prévoit de fournir un cadre très précis pour les exercices à réaliser, incluant les supports, la fréquence, la durée, la quantité, les performances attendues, etc.
Les enseignants devront donc suivre scrupuleusement ce cadre, sans marge de manœuvre pour des projets de classe.
Dans son article, Sylvie Plane alerte sur le fait qu’il n’y aura de fait plus de place aux initiatives et aux projets des enseignants.

C’est une révolution de notre métier qui nous attend à la rentrée.

Ces nouvelles orientations vont donc créer un système éducatif très normatif, laissant peu de place à la créativité des enseignants et à l’adaptation aux besoins des élèves.

Ces programmes vont sanctuariser la fin de notre liberté pédagogique par l’obligation de suivre un cadre temporel très contraint (fréquence des exercices, durée des séances, etc...), des exercices type, des supports imposés, etc....

Pour la FSU-SNUipp 78, il y a urgence à informer l’ensemble des collègues sur ce qui se prépare pour la rentrée 2024. Collectivement, informons les collègues de notre école et de notre réseau professionnel.

Il y a également urgence à se mobiliser et à se syndiquer pour donner de la force à l’opposition unanime des organisations syndicales.

Révision des programmes : le choc va être rude pour la profession !

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