Le ministère engage une réforme des carrières, derrière des ajustements techniques toujours pas de revalorisation…
Le ministère de l’Éducation nationale a lancé un chantier de réforme intitulé « Dynamisation des milieux de carrière des enseignants et corps assimilés », dans le but affiché de mieux structurer les parcours professionnels et de renforcer l’attractivité du métier. Si certaines propositions semblent aller dans le bon sens, la FSU-SNUipp alerte sur leurs limites et rappelle la nécessité d’une revalorisation salariale ambitieuse.
Lors d’un premier groupe de travail, la Direction Générale des Ressources Humaines (DGRH) a présenté trois leviers pour faire évoluer la carrière des enseignant·es :
1. Avancer la promouvabilité à la hors classe :
Cette piste, désormais abandonnée, aurait favorisé les promotions des enseignant·es les plus jeunes au détriment de collègues plus expérimenté·es dans le métier mais en attente dans la plage d’appel. Son abandon est donc une décision saluée par la FSU.
2. Refonte des rythmes d’avancement :
La DGRH propose de supprimer les avancements accélérés et d’appliquer un rythme unique à tous et toutes. C’est une revendication historique de la FSU-SNUipp.
Concrètement, cela passerait par un raccourcissement de la durée dans certains échelons de la classe normale, en s’alignant sur le rythme aujourd’hui qualifié "d’accéléré". Exemple : l’échelon 6 passerait de 3 ans à 2,5 ans. Cette mesure permettrait un déroulement plus fluide, mais sans hausse significative des rémunérations.
3. Augmentation du taux de promotion à la hors classe :
Le ministère propose une montée progressive du ratio promu·es/promouvables :
Cette évolution va dans le sens d’un élargissement de l’accès à la hors classe.
Sans modifier leur nombre, la DGRH envisage de repositionner les trois rendez-vous de carrière :
Une réforme de calendrier, donc, mais aussi de sens : pour la FSU, ce repositionnement, notamment du troisième rendez-vous, pourrait avoir des conséquences lourdes s’il devient un filtre définitif vers la classe exceptionnelle sans barème clair ni possibilité de recours.
La proposition va dans le sens de ce que porte la FSU : la classe normale se déroulera au même rythme pour toutes et tous, avec une déconnexion de l’évaluation et de l’avancement.
Si certaines propositions rejoignent les revendications de la FSU, comme l’égalité de rythme dans la classe normale ou l’augmentation du ratio à la hors classe, le compte n’y est pas sur le plan salarial.
Le gain estimé pour un·e professeur·e des écoles entre l’échelon 5 et la fin de la classe normale serait de 2,3 %, un chiffre dérisoire qui ne comblera pas l’écart avec les moyennes européennes. Pour rappel un PE en France gagne :
La ministre peut se féliciter des mesures précédentes concernant le début et la fin de carrière, mais la réalité du terrain reste tout autre.
Pour la FSU, plusieurs points restent inacceptables :
Un nouveau groupe de travail est attendu avant l’examen des textes en CSA-MEN, prévu d’ici l’été.
ATTENTION : La réforme des échelons pourrait s’appliquer dès la rentrée 2025
Celle des rendez-vous de carrière à partir de 2026
Mais tout reste conditionné à l’arbitrage budgétaire.
La FSU reste vigilante. Si ces propositions comportent des avancées techniques, elles ne sauraient se substituer à une véritable politique de revalorisation salariale et de reconnaissance du métier. L’avancement dans la carrière doit être équitable, lisible, et accessible à toutes et tous.